Laura Garcia Vitoria

Territorios del conocimiento/Territoires de la connaissance Sociedad del conocimiento/Société de la connaissance : les regards sur l'identité personnelle et professionnelle dans la société de la connaissance

3/31/2009

La république numérique des savoirs

Robert Darnton, dans la livraison d’avril du Monde Diplomatique, évoque la constitution, à l’ère de Google, d’une République numérique des savoirs. Je lisais son article en me rendant à la Semaine Internationale des Arts Numériques où venaient nous rencontrer notamment chinois et latino-américains. En rencontrant l’adjoint au maire de la ville chargé du développement durable, c’est la réalité du terrain qui nous a été d’abord exposée: il faudrait peu de choses pour que tout le territoire de l’agglomération ne devienne un grand cluster de l’innovation en ouvrant ses différentes composantes les unes aux autres, ce qui à l’évidence n’est pas le cas (ce sont plutôt les barrières qui symboliseraient l’entrée dans certains «lieux de savoir»); or c’est l’inverse, on le sait bien, que nécessite la transformation d’une ville en vrai territoire de la connaissance.

En écoutant ensuite dans notre réunion à la mairie les représentants des différents territoires de notre Living Lab, ce sont de même les extraordinaires atouts dont nous disposons tous qui me frappèrent dans l’énumération de nos projets. Des atouts, oui, si nous savons briser les jougs des législations d’autrefois, si nous savons dire non (et ce n’est pas toujours facile) aux stupidités que parfois nous développons collectivement faute de comprendre le passé ou de regarder le futur - ce qui revient, sommes toutes, au même -: je songeais, on l’aura compris, aux montagnes d’inepties engendrées par les débats sur les droits d’auteur. Dans les visioconférences que j’animais, je continuais de voir l’ampleur de ce qui était possible dans un pays comme la Colombie par exemple, dans une ville comme Malaga (Andalousie) ou encore en Ardèche, qui accueille le premier Centre Européen des Nouvelles Technologies qui a tant intéressé les délégations chinoises auxquelles je me suis adressée.

J’étais heureuse en sortant aussi bien de notre réunion professionnelle que de notre séminaire de prospective: oui, Monsieur Darnton - vous qui avez côtoyé comme historien les équipes de l’Encyclopédie et les plumitifs des Lumières -, oui une république non point seulement des lettres; mais des savoirs est aujourd’hui concrètement possible, à condition que nous nous débarrassions de nombre d’idées reçues, que nous arrêtions nos usines à fabriquer des textes que personne n’appliquera jamais, que nous dessinions ensemble un futur crédible de nos territoires au travers de processus de formation ancrés dans notre quotidien et d’échanger des connaissances qui laisseraient sur les bords du chemin ceux qui s’agrippent à leurs bonus et leurs stock-options devenus inutiles. Est-ce seulement un songe?
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Réponse d'un ami:
De: P
Envoyé: mardi 31 mars 2009 12:03
À: laura
Objet: Re: La république numérique des savoirs

Bonjour Laura,

Tout ça est plus une question de vie que de principes. Ce d'autant que ces derniers ont pris un sacré coup de vieux. A priori, dans son dernier ouvrage ("Pour une nouvelle critique de l'économie politique" Bernard Stiegler "chauffe" en mettant en cause la société de consommation, mais il ne va pas assez loin. La cause du problème n'est pas la consommation parce qu'elle-même n'est pas une cause, mais une conséquence. La vraie cause est l'entrée en anachronisme de la pensée industrielle provoquée par le déploiement des outils numériques. L'alpha et l'omega n'est plus la production de masse et donc la norme, mais la diversité (http://www.nytimes.com/2009/03/30/technology/internet/30mag.html?_r=
1&th&emc=th)

La république dont tu parles manque cruellement, aujourd'hui, de citoyens adultes. Question d'éducation et de formation. Question de temps donc. En attendant, vouloir résoudre les "problèmes" amène à faire plus encore de la chose dépassée : créer des structures de représentation...

Avec le numérique, les savoirs sont fonction d'une production de sens essentiellement personnelle. C'est dire que tout ce qui relevait des savoirs hier, relève désormais de l'information, du savoir potentiel.

Comme le disait fort bien Einstein, c'est l'expérience qui crée la connaissance. Tout le reste n'est que de l'information.

Bonne journée. Bien amicalement, P

3/02/2009

Des mobiles Youtube ou Facebook

La start-up irlandaise Movidia, soutenue par le capital-risqueur Emertec, propose - grâce à son microprocesseur - à tous les utilisateurs de téléphone portable de faire du montage vidéo en direct. Avec le MA1110, l'appareil permettra en temps réel de mixer de la musique, de se livrer à des jeux 3D et proposera quasiment un banc de montage vidéo, avec des images qui peuvent être filmées, montées, et partagées instantanément sur Facebook, Youtube et tous les réseaux sociaux. Ceci s’avère d’autant plus intéressant par exemple que YouTube a aujourd'hui élargi la fonctionnalité d'annotation de vidéos à une sélection de contacts : il est effectivement désormais possible d'inviter ses contacts à annoter ses propres contenus, alors que cette fonction était jusqu'à présent réservée exclusivement à l'auteur de la vidéo. Lancée en juin 2008 puis récemment remaniée, la fonction d'annotation permet de placer des bulles de dialogue, des remarques ou des cadres directement sur la vidéo pour attirer l'attention du spectateur sur certains points notables. Avec cette nouvelle option, ces annotations acquièrent des possibilités considérables en termes de pédagogie, de recherche et d’innovation ouverte de manière générale, même si naturellement l’auteur conserve la possibilité d'éditer ou de modérer les soumissions de ses contacts.

C’est l’UGC' (User-Generated Content) de demain, avec des téléphones devenus plates-formes de référence qui permettront de faire un ralenti sur images en quelques secondes et d’autres usages du PC transférés sur le mobile en prenant la même architecture qu’un ordinateur, et ceci en utilisant une mémoire qui peut être répartie sur tous les cœurs. Il sera ainsi facile de développer n'importe quelle nouvelle application, dans la mesure où jusqu'à présent, les ingénieurs avaient développé des petits circuits électroniques indépendants ajoutés les uns aux autres: Movidia a tout effacé, et dessiné une plateforme bénéficiant d’une grande puissance de traitement et d’une vraie flexibilité. L'architecture devient programmable en mettant un PC dans la main. A terme, le mobile a évidemment toutes chances de devenir un terminal Internet, il passera sous protocole IP et les usages des PC seront transférés sur les mobiles. On ne peut que penser à cet égard à des situations telles que celles de pays africains où le téléphone portable se répand dans les campagnes et sert souvent de terminal de paiement : c'est un huitième de la puissance d'un cell d'IBM pour 400 fois moins de consommation. C’est dans cette optique que travaille d’ailleurs le Ling Lab des Territoires de Demain, comme l’a souligné sa présentation dans le cadre de Tech for Food.
Le MA1110 a été présenté lors du Mobile World Congress de Barcelone les 14 et 15 février et sera disponible, en échantillon, pour les fabricants de téléphones mobiles pendant l'été 2009. La production industrielle débutera quant à elle à la fin de l'année 2009.